Peux-tu nous présenter We are all Builders en quelques mots ?
We are all Builders est un organisme de formation qui existe depuis 2 ans et demi, dont l’objectif est de former et de faire découvrir le BTP aux personnes éloignées de l’emploi. Pour cela, nous proposons des formations courtes et accessibles, ainsi qu’un accompagnement social aux bénéficiaires que nous accueillons.
Peux-tu nous parler de la genèse du projet ? D’où vous est venue la volonté de mettre en place ce projet ?
Nous avons observé qu’il y avait énormément de personnes sans emploi qui avaient la volonté de travailler. En parallèle, il y a dans le secteur du BTP des chantiers qui peinent à recruter, et qui sont obligés d’aller chercher de la main-d’œuvre qualifiée à l’étranger. Nous nous sommes donc demandé comment raccrocher ces deux enjeux et sensibiliser les personnes éloignées de l’emploi aux opportunités présentes dans le secteur du BTP. Nous avons également constaté qu’il y avait un grand besoin de formation au sein du secteur. En effet, chaque année, il y a entre 60% et 75% de nouvelles personnes qui intègrent le secteur. On assiste à un grand turnover des équipes parce que les nouvelles recrues ne sont pas préparées, ou n’ont pas connaissance des opportunités d’évolution qui existent et sont donc vite dégoûtées du secteur. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur la formation avec l’objectif d’accompagner les entreprises à adapter leurs pratiques, et de préparer les salariés à leurs carrières dans le BTP.
Comment se caractérise l’accompagnement des bénéficiaires ?
Au-delà d’aider à lever les freins que rencontrent les bénéficiaires, nous souhaitons les rendre autonomes. C’est pourquoi nous les accompagnons pendant et après le programme pour lever au maximum les freins qui entravent leur autonomie. Il est important pour nous que les personnes qu’on accompagne soient en capacité de trouver du travail, ou de mettre à jour leur CV sans aide. Nous mettons donc en place un accompagnement individuel et collectif pour atteindre cette autonomie. On retrouve dans nos publics des problématiques liées à la langue, à la lecture ou à l’écriture, ce qui ne rend pas les choses faciles. Ces personnes ne sont pas forcément en lien avec les structures capables de les aider. Nous avons dans notre équipe une personne avec une très bonne connaissance de l’insertion qui s’occupe d’accompagner et rediriger nos bénéficiaires vers les structures adéquates. Nous travaillons également, avec d’autres structures pour appuyer notre accompagnement et externaliser ce que nous ne pouvons prendre en charge.
Comment s'organisent vos programmes ?
Nous avons plusieurs programmes. Notre programme phare consiste en 3 semaines intensives, avec des journées de 9h à 17h. Il inclut des formations, mais également des ateliers qui permettront aux personnes accompagnées de découvrir les métiers du BTP et les chantiers. Cela donne un aspect pratique à nos programmes. Nous organisons également, des événements où les bénéficiaires ont la possibilité de rencontrer des entreprises ou des partenaires. Lorsque la formation se termine, nous continuons à voir nos bénéficiaires, une fois par semaine à distance et une fois par mois en présentiel. Cela nous permet de garder un lien et faire un bilan des compétences acquises.
Quel est le public visé par We are all Builders ?
Actuellement, nous visons essentiellement les bénéficiaires du RSA qui habitent en Seine-Saint-Denis. En règle générale, nous n’avons pas de profil type. Nous demandons un minimum en français et une appétence pour découvrir le secteur du BTP. Nous avons aussi des programmes non-mixtes, destinés aux femmes. Pour valider l’intégration des personnes dans nos formations, nous organisons un premier rendez-vous de diagnostic avec les bénéficiaires pour s’assurer que la personne a bien compris les attentes du programme.
D’où vous est venue l’idée de mettre en place un programme exclusivement féminin ?
Nos programmes phares sont mixtes, mais nous nous sommes rendu compte qu’il y avait peu de femmes qui intégreraient nos formations. Nous avons donc développé un programme non mixte en consortium avec une autre structure. Cela nous permet de sensibiliser les femmes éloignées de l’emploi aux opportunités de travail qui existent dans le secteur du BTP, car c’est un secteur avec une plus grande proportion d'hommes. C’est aussi l’occasion pour ces femmes de découvrir le secteur et éventuellement de construire un projet professionnel autour de celui-ci. À la fin du programme non mixte, si elles sont intéressées par les métiers du BTP, nous les redirigeons vers notre formation mixte intensive ou vers les offres d’emploi adaptées.
Comment est-ce que tu projettes le développement de tes activités ? Quelles sont les ambitions futures de We are all Builders ?
Les prochaines grandes étapes pour We are all Builders sont de trouver un local dans lequel mener nos formations. Le manque de locaux nous freine énormément en termes de logistique. Nous voulons également stabiliser notre modèle économique et pouvoir étoffer notre équipe, car actuellement, nous sommes en sous-effectif. En ce moment, nous sommes en période de stabilisation, mais à long terme, nous souhaitons mettre en place de nouveaux projets pour répondre aux besoins que l’on rencontre sur le terrain et ainsi augmenter notre impact.
En tant que jeune entrepreneuse dans le secteur de l’IAE quel conseil tu pourrais donner à un autre jeune entrepreneur spécifique à ce secteur ?
Je dirai de ne pas rester seul, et de ne pas chercher à nécessairement réinventer les choses. Il est préférable d’agir de manière complémentaire avec ce qui existe, dans l’idée de créer des passerelles au sein du secteur de l’insertion.
