Le Parcours Créateur est un accompagnement de 3 mois qui permet à toutes les personnes éloignées de l’emploi qui ont un projet de création de structure de tester leurs idées et de passer à l’action.

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Est-ce que tu peux me présenter rapidement la Ruche et plus particulièrement comment le parcours itinéraire (anciennement parcours créateur) s’inscrit dans cet écosystème ? 

Le Parcours Créateur (maintenant Itinéraire) est un accompagnement de 3 mois qui permet à toutes les personnes éloignées de l’emploi qui ont un projet de création de structure de tester leurs idées et de passer à l’action. C’est un projet assez stratégique pour la ruche, car il nous a permis en 2021 de changer d’échelle sur les sujets d’inclusion et d’aller chercher encore plus de personnes éloignées de l’emploi. Tout ça a donné lieu à une structuration de l’équipe, de la pédagogie et de l’organisation métier qui aujourd’hui définit aussi  une nouvelle manière de fonctionner de la Ruche et de continuer de développer notre activité. 
Il y a eu un énorme travail d’ingénierie pédagogique pour imaginer quelque chose qui correspondent aux bénéficiaires qui répondent à leurs besoins et qui élargisse le scop de l’entrepreneuriat - plus uniquement comme une fin en soi, mais aussi et surtout comme vecteur d’insertion professionnelle. Il y a eu aussi un énorme travail de maillage au sein de l’écosystème inclusion avec cette vision que toutes personnes éloignées de l’emploi qui ont une idée de projet peuvent venir tester leur idée de projet à la ruche pendant 3 mois - notre objectif principal étant que la personne se remobilise et reprenne confiance. L’objectif in fine c’est que chaque individu accompagné progresse sur son chemin personnel et professionnel.

 


En quoi est-ce que l’entrepreneuriat représente un atout pour l’insertion des personnes éloignées de l’emploi ?

Ce qui est intéressant c’est que nous nous adressons à des personnes qui ont un projet : c’est une envie qui est née en elles. Nous allons partir de cette idée et nous allons accompagner la personne pour la concrétiser. Autrement dit, c'est grâce à cette ébauche de projet au départ que nous allons avoir la matière pour remobiliser la personne. C’est à travers le chemin dans l’entrepreneuriat que la personne va monter en compétences qu'elles soient techniques et liées à la création d’entreprise, ou bien de l'ordre des savoir-être aussi, qui font grandir la personne tout autant, si ce n'est plus puisque qu'elles peuvent aussi être pertinentes et mobilisées quel que soit le projet professionnel de la personne in finé. 
Il y a un un discours que j’essaye d'avoir pour rassurer et encourager : si vous vous rendez compte que le projet ne tient pas ou que l’entrepreneuriat n’est pas fait pour vous, ce n’est pas un échec, vous avez juste appris à mieux vous connaître. En somme, c’est une expérience qui permet aux gens d’en sortir grandis à partir du moment où ce message est entendu de toutes les parties prenantes.
 


Quel est le public ciblé par ce programme et quelles sont ces spécificités ?

Le public qu’on accompagne à travers l’Itinéraire est varié. Cela peut-être par exemple des bénéficiaires des minimas sociaux, des jeunes, des personnes qui ont vécu à la rue, des parents isolés, ou encore des personnes en situation de handicap. Le dénominateur commun peut-être qui caractérise ces personnes, c’est qu’elles sont souvent en fracture sociale. Par ailleurs, elles ne bénéficient souvent pas des codes de l’entrepreneuriat ni d’un gros réseau professionnel. Aujourd’hui, nous avons la volonté d’accompagner ce public sous-représenté dans l’entrepreneuriat dans un parcours de remobilisation, souvent semé d'embûches parfois personnelles ou bien de ruptures dans la continuité de leur suivi.
 

Comment se présente l’accompagnement que vous proposez aux bénéficiaires ? 

Les personnes sont généralement dirigées vers nous grâce à des associations ou Pôle Emploi. Dans un premier temps, nous allons appeler la personne pour nous assurer qu’elle est éligible à l’accompagnement et lui réexpliquer les tenants et aboutissants de celui-ci. Si tout est validé, le bénéficiaire se verra attribuer un référent et l’accompagnement de 3 mois démarre par un atelier de lancement pour créer une véritable dynamique de groupe et d'entraide - celle-là même qui les aidera à reprendre confiance et sortir de l'isolement. Nous souhaitons effectivement pousser cette dynamique d’écosystème et de réseau, aussi parce que ce sont souvent des personnes qui manquent cruellement de réseau au démarrage.
Nous avons à cœur depuis les débuts de ce projet en 2021 de rendre l'accompagnement le plus pédagogique possible pour que le bénéficiaire reparte avec des outils clés pour son projet. Il y aura également un forum de rencontre avec des acteurs de l’accompagnement et du financement, ainsi que d’autres formats facultatifs sur des sujets d’expertise pour creuser les aspects par exemple financiers ou juridiques du projet. Le bénéficiaire aura également accès à des rendez-vous avec son référent pour faire un état des lieux des points bloquants relatifs à son projet et évaluer sa montée en compétences. L’accompagnement se termine avec un atelier de clôture avec le référent pour faire le point sur le parcours et préparer la suite.


Comment lever les freins sociaux des personnes que vous accompagnez ?

L’appel de départ avec le bénéficiaire, c’est un moment où on peut poser les bonnes questions pour faire connaissance avec lui ou elle, aussi cartographier ses freins qui l’empêche de s’insérer professionnellement ou d’accéder à ses droits. Le process n'est peut-être pas encore parfait, mais des choses concrètes qui se mettent en place et se structurent au fur et à mesure de l'expérience et des remontées terrain. 
Une chose par exemple qu’on aimerait tester à moyen terme, c’est que pendant cet entretien de positionnement les bénéficiaires puissent nous donner le contact de leurs assistantes sociales pour qu’en cas de besoin on puisse aller échanger qui est le plus au fait de la situation pour pouvoir mieux accompagner et orienter. 
Il y a une pluralité d’acteurs aujourd’hui et je pense que notre enjeu à tous c’est de réussir à naviguer tous ensemble au service des bénéficiaires et opérer de véritables ponts qui les prémunissent contre une énième rupture dans la continuité de leur suivi. 
Aujourd’hui, les référents qui accompagnent les projets sont aussi outillés pour produire des diagnostics un peu plus poussés pour comprendre des situations sociales ou des changements de projets pro mais y a encore tout un écosystème dont on a envie de se rapprocher. Notamment grâce à l’accompagnement Tremplin qu’on travaille sur ce sujet d’accompagnement social.


 
Aujourd’hui où est-ce que vous en êtes dans l’avancement de votre projet ? Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous avons eu le financement pour la reconduction du programme : nous avons pour objectif d’accompagner 1100 personnes sur tout le territoire d’ici à mars 2023. La première édition nous a permis de tester et itérer énormément de choses, afin d’aboutir à un format éprouvé et abouti qui fonctionne. Je pense que l’incubation avec Ares tombe à pic parce que ça nous permet de structurer les derniers sujets sur lesquels nous sommes toujours challengés, comme le sourcing et la rétention des publics, mais aussi des sujets où on veut être encore plus précis et structurés dans les réponses que nous apportons - comme de l'accompagnement social, mais aussi la continuité de suivi et l'insertion professionnelle des publics. 
Effectivement, on se rend bien compte que toutes les personnes qui suivent notre programme sont remobilisées, mais ne se lancent pas nécessairement dans l’entrepreneuriat. L’enjeu est donc de se rapprocher de personnes qui peuvent les accompagner dans un projet de retour à l’emploi et ce n'est pas tout à fait notre métier, par contre nous avons un rôle à jouer dans l'accompagnement de ces redirections. 


D’après ton expérience, quel conseil donnerais-tu à un entrepreneur dans le secteur de l’IAE qui souhaiterait se lancer et mettre en place un projet ?

Un des premiers challenges c’est de bien comprendre l’écosystème de l’insertion parce qu’il y a beaucoup de notions et de dispositifs. Je conseille d’aller à la rencontre des gens, prendre des cafés, s’intéresser à ce que les gens font pour mieux le comprendre. Les gens sont toujours contents qu’on s’intéresse à eux ! 
Ensuite, il y a un vrai enjeu à être proche de ses bénéficiaires pour comprendre ce dont ils ont besoin. Mon conseil c’est de se mettre en action pour avoir la meilleure connaissance possible du sujet qu’on veut adresser et de ce qu'il nous manque pour passer à l'étape suivante. 
L'idée n'est pas d'essayer de devenir expert de son sujet et de viser la perfection, encore moins d'être tellement amoureux de son projet qu'on manque d'ancrage et de prise avec la réalité du terrain. L'idée est avant tout d'être dans une démarche d'humilité et de curiosité, d’aller sur le terrain pour trouver des indices ou des réponses qui nous permettent d'être au plus proche du besoin client que l'on chercher à résoudre.